Plus libres de
grandir dans
un monde
durable
Plus libres de
construire
l'égalité
Plus libres
d'aimer
qui l'on veut
Plus libres de
s'exprimer
dans la société
Plus libres de
bouger où
l'on veut
Plus libres de
faire vivre
la solidarité
Éduqué.e.s aujourd'hui,
#Pluslibresdemain
Mais un jour qu’on ne saurait dater, qu’on ne peut dater tant il remonte loin, est apparu le désir d’en prendre plus, d’en demander plus, d’en accaparer davantage, d’en disputer davantage aux autres, de thésauriser, de coloniser, de détruire ce qu’on ne peut pas posséder, de détruire pour posséder davantage ; un jour sont apparus, l’impérialisme, l’esclavage, les guerres, le racisme, la domination, la croissance, la colonisation, la haine de la nature qu’il fallait contrôler, des fleuves qu’il fallait dévier, canaliser, des mers qu’il fallait dominer, des frontières qu’il fallait repousser, des différences de classe.
Et puis sont arrivés la mécanisation, l’engraissement des terres, la productivité, l’amélioration des rendements, les matériaux synthétiques, l’amplification des taux de croissance, le libéralisme économique, la production d’énergie fossile ou nucléaire. On a puisé le sang de la terre, on a pollué jusqu’à notre propre sang, on a détruit les autres espèces qui pourtant travaillaient pour nous, en en faisant des concurrentes.
Un jour, on a oublié de regarder ce que la Terre hurlait à nos oreilles, on s’est bouché les yeux, les oreilles au savoir, à l’éducation et même au bon sens, à la transmission de l’expérience. Un jour on a négligé ce bien essentiel qui pourtant commençait à se rendre utile… L’éducation !
La capacité de partager une vision du monde, un savoir commun, à entendre ensemble les alertes de plus en plus fortes que nous lançait la terre, la mer, l’atmosphère, les autres espèces agonisantes. On a enseigné les sciences, la technologie, le commerce, le marketing, la productivité, la “communication”, oui même la communication. Mais enseignons-nous ce dont nous avons un réel besoin. On a oublié d’enseigner à se respecter, à respecter le monde qui nous entoure, d’enseigner que les ressources ne sont pas inépuisables, que l’accumulation de nos déchets tue, qu’équilibrer nos appétits est vertueux et nécessaire.
L’éducation… Oui nous en revenons là. Enseigner ce qui peut nous sauver, éduquer pour survivre, pour enfin remplir le rôle que l’Homme se doit d’avoir sur cette planète, celui d’un être conscient et responsable, digne d’être le chaînon entre les générations d’avant et celles du futur, en adoptant une nouvelle façon de vivre, une nouvelle société, une société idéale, une société de rêve, qui se dispenserait du superflu pour jouir du nécessaire… La société de demain !
L’émergence de mouvements pour la justice climatique portés par la jeunesse nous met face à nos contradictions : enseigner l’urgence à agir sans s’attaquer frontalement au problème laisse perplexe de plus en plus de jeunes. Tantôt dégoutés, tantôt défaitistes, ils.elles font pourtant preuve d’une forte détermination à passer à l’action et sont à l’image de cette citoyenneté mondiale que nous cherchons à cultiver : tous.tes habitant.e.s d’une même planète, tous.tes concerné.e.s. Ces générations éduquées, sensibilisées se saisissent des enjeux du climat et font entendre leur voix ! Elles démontrent le pouvoir de l’éducation. Cette éducation qui permet d’appréhender le temps de façon durable et de faire réfléchir les enfants, les jeunes et chacun.e de façon critique sur la société dans laquelle ils.elles évoluent, en ne se contentant pas d’agir sur l’immédiateté pour atténuer les conséquences mais aussi en questionnant, en analysant les causes. Cette éducation qui permet de dépasser la victimisation ou la culpabilisation des populations, en les transformant en actrices de changement. Cette éducation qui permet de s’émanciper des systèmes de pensée traditionnels, des carcans, de nous décentrer, d’être créatif.ve.s
Partout dans nos territoires d’intervention, nous observons que ce pessimisme est souvent mélangé à une forte détermination à agir de la part des jeunes mais aussi des acteurs.actrices de l’éducation.
Cet été 2022 l’a de nouveau démontré, les effets du réchauffement climatique sont déjà dramatiques : inondations, sécheresses, famines, déplacements forcés... Pourtant, force est de constater, que depuis plusieurs décennies, les déclarations et sommets décrétant l’urgence à agir se multiplient sans que jamais les réponses apportées ne soient à la hauteur des enjeux. De même, les différents sommets internationaux pour le climat, les vingtaines de COP n’ont jamais priorisé l’éducation et la citoyenneté, comme réponses. Au rythme actuel de l’inaction, le changement climatique affectera près de 175 millions d’enfants au cours de la prochaine décennie.
* Étude menée par des chercheurs d’universités auprès de 10 000 jeunes en Australie, au Brésil, aux États-Unis, en Finlande, en France, en Inde, au Nigeria, aux Philippines, au Portugal et au Royaume-Uni, financée par l’ONG Avaaz, approuvée par la revue « The Lancet Planetary Health ».
En pleine polémique sur les masques, les gels et les vaccins, les petites filles, les femmes et les personnes de genre non binaire, en plus de tous les risques sanitaires encourus, se sont retrouvées en quête de sécurité et de dignité.
Renvoyées à l’espace privé, isolées avec leurs agresseurs, empêchées d’accéder à la justice et aux services de protection, privées de l’école, de formation et de travail, elles ont été les plus touchées par les violences, le chômage, la déscolarisation et l’exclusion sociale.
Les privilèges ont été renforcés, de plus en plus acceptés et banalisés. Les leviers de résistance au patriarcat, au racisme et à l’exclusion ont été fragilisés. Les replis identitaires nourrissent les systèmes de domination, alors que les leviers de l’égalité et du vivre ensemble ont été déstabilisés. C’est ce qui fait la légitimité de notre combat au quotidien. Nous mettons le curseur sur le rôle de l’éducation inclusive et de qualité pour reconquérir le vivre ensemble et rappeler notre attachement à l’égalité, à la solidarité et à la laïcité. Face à ces défis, mobilisons-nous pour l’éducation et engageons-nous dans la construction de sociétés égalitaires et solidaires.
La masculinité et la féminité ne sont pas des catégories naturelles mais des modèles sociaux et culturels normatifs. Elles se construisent au fil du temps et s’intègrent entre autres par la socialisation et l’éducation. Plusieurs études ont démontré depuis les années 80 jusqu’à aujourd’hui, la présence de la culture masculine dominante au sein de l’école à travers plusieurs aspects, y compris le manuel scolaire, outil pédagogique fondamental. Dans les textes et les illustrations des manuels, les hommes et les femmes sont encore présenté.e.s dans des fonctions stéréotypées sans prendre en considération la diversité des rôles. Selon Odile Fillod, 8, 5 % des auteur.e.s étudié.e.s dans les manuels de littérature sont des femmes et seulement un personnage sur cinq dans les manuels de mathématiques est féminin[1].
Pour construire des générations éclairées et épanouies, qui ont confiance en elles, qui ne s’identifient pas aux rôles limités qui leur sont traditionnellement attribués, nous devons lutter contre le sexisme véhiculé par les outils pédagogiques et renforcer la mixité et la parité au sein de l’école, loin des répartitions traditionnelles des rôles femmes/hommes.
Les violences de genre constituent la forme la plus répandue et la plus dangereuse des inégalités et touchent en particulier les femmes et les personnes non binaires. Dans un monde où la masculinité est toujours glorifiée voire dans certains contextes sacralisée, la violence contribue à maintenir l’ordre de domination et d’oppression. Elle est ainsi banalisée et justifiée par les différences biologiques et les rôles sociaux attribués de manière différenciée aux deux sexes. Selon l’OMS*, 35 % des femmes à l’échelle mondiale, ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de leur partenaire intime ou par d’autres que leur partenaire. Outre les violences, les droits fondamentaux sont attaqués. En dépit de ce que l’on appelle les “droits sexuels et reproductifs/ corporels” l’avortement et l’homosexualité sont toujours interdits dans de nombreux pays. Les personnes ne sont toujours pas en mesure de disposer librement de leur corps ou de choisir leur sexualité
Avec la crise, les inégalités ont été creusées.
En 2020, les femmes et les filles ont été les plus touchées par le chômage et la déscolarisation. L’OIT** a enregistré la perte de 114 millions d’emplois en comparaison avec 2019 et les pertes sont plus élevées chez les femmes.
Environ 130 millions de filles ne sont pas scolarisées dans le monde. Sur les dix pays en queue de classement figurent neuf pays africains. Si une leçon peut être tirée de la pandémie de COVID-19 : les inégalités sont indéniablement un facteur retardant la sortie de crise et pour l’émancipation et l’autonomisation des individus.
Pour Solidarité Laïque, plus que jamais, nous avons à combattre les inégalités pour que toute personne puisse jouir de ses droits, quels que soient ses convictions, religion, origines, couleur de peau, sexe, orientation sexuelle ou expression de genre, appartenance de classe, statut juridique ou conditions physiques. Une condition indispensable à la lutte contre les inégalités serait de permettre un accès gratuit et égal à une éducation inclusive et de qualité, tout au long de la vie.
Nous avons tout à gagner si nous nous engageons pour l’égalité. Plus on retarde sa mise en œuvre, plus le monde perd en développement, en vivre ensemble et en paix. Grâce à votre solidarité et à votre soutien, nous sommes engagé.e.s au quotidien pour que l’école soit un vecteur de la réalisation de l’égalité
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* Organisation mondiale de la santé
** Organisation internationale du travail
Trop de stéréotypes circulent encore sur les orientations sexuelles autres que l’hétérosexualité et les identités autres que “cisgenre”. La méconnaissance des personnes LGBTQI++ est bien souvent source d’incompréhension, de haine ou de violence physique et/ou verbale. Chaque parent, chaque enseignant.e, chaque employeur, nous toutes et tous, quelles que soient nos propres identités de genre ou orientations sexuelles, devons lutter contre les formes de stigmatisation, d’hostilité ou d’incitation à la haine envers les personnes LGBTQI++.
Les stéréotypes et “normes sociales” liées au sexe et à la sexualité, les rôles et représentations assignés à la masculinité et à la féminité sont à l’origine de manifestations très diverses de sexisme, d’homophobie, de biphobie et de transphobie, dans des formes explicites (discriminations diverses, violences, injures, moqueries) ou en apparence anodines (stéréotypes, « blagues », remarques, etc.). Cette banalisation de la discrimination liée à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre isole et va jusqu’à tuer celles et ceux qui en sont victimes.
(ILGA World, 2020)
Au sein de Solidarité Laïque, notre raison d’être est de nous tenir présent.e.s, fort.e.s aux côtés de celles et ceux qui, souvent minoritaires, subissent le joug de l’injustice, le fouet d’une pensée majoritaire, les humiliations liées à leur “différence”. Nous nous voulons un refuge pour celles et ceux qui paient les conséquences des discriminations de toutes sortes. Nous sommes à ce titre aux côtés des femmes, des hommes, des personnes qui se réclament non binaires, pour défendre leurs droits et proclamer le respect que nous leur devons. Nous nous battons pour une société où la “différence” est une richesse et non une damnation.
Une société vit par, et pour ses différences, il ne peut y avoir d’harmonie dans une symphonie bâtie sur une seule note. L’éducation, quelle que soit sa forme, doit avoir pour mission de favoriser la rencontre avec l’autre, l’empathie avec ce que chacun.e ressent, l’éclosion du respect pour ce qui n’est pas nous-même, même, et encore plus, si certaines choses échappent à notre entendement.
Les limites (refus de toute violence non consentie, de toute contrainte exercée sur l’un.e des partenaires, précautions sanitaires de base, refus catégorique de toute pression ou de tout acte ayant une connotation sexuelle sur un.e mineur.e) valent autant pour la majorité binaire hétérosexuelle de la population que pour les formes minoritaires de sexualité ou de non binarité. Pourtant, nous entend surtout parler de ces limites, à tort, quand il s’agit des minorités LGBTQI+.
Ces cruelles atteintes à l’intégrité des personnes, à ce qui fait leur chair et leur nature, à ce qu’elles ne peuvent ni ne veulent changer, sauf pour échapper à la violence physique ou verbale que la majorité se permet d’exercer contre celles et ceux qui ne vivent pas comme elle, ne croient pas comme elles, ne désirent pas comme elle. Ces violences atteignent jusqu’au tréfonds des êtres, causant des ravages que rien ne peut excuser.
Les règles et interdits religieux, culturels ou liés à une tradition ne devraient pouvoir s’exercer que sur la personne qui les invoque, sans prescrire des règles sociétales ou familiales. Il n’est qu’à penser au mariage forcé pour concevoir le malheur que ces règles provoquent : la violence physique ou verbale, sociale, familiale, communautaire qui l’accompagne, avant ou après l’âge requis pour rassurer le clan, ne tient pas compte de l’inclination des personnes. “L’ordre social ou familial” ainsi exigé est alors la seule voie d’issue pour nombre de personnes LGBTQI+ dans bien des sociétés.
Il y a celles et ceux qui parviennent à s’en accommoder et qui paient de leur capacité au bonheur, qui vivent dans une hypocrisie imposée par leur entourage ou la société et il y a les autres, qui sont poursuivi.e.s par leurs proches, insulté.e.s, nié.es, obligé.e de fuir, recourant trop souvent au suicide (5 à 7 fois plus de tentatives chez les adolescent.e.s homosexuel.le.s).
Alors que se construit encore leur personnalité, des enfants et des jeunes sont exposé.e.s à des discriminations liées à leur orientation sexuelle réelle ou supposée ou encore à leur identité de genre. Ces discriminations subies notamment à l’école et dans le cercle familial constituent des délits passibles de sanctions pénales en droit français (article L.225-1 du code pénal). Face à ce climat de harcèlement qui peut avoir des conséquences dramatiques pour les élèves concerné.e.s, l’école a un rôle fondamental à jouer.
Le tabou de la parole est criminel ; il empêche toute forme de contrôle sur des situations délictueuses que l’on ne découvre parfois que des dizaines d’années plus tard, alors qu’elles ont créé d’importants dommages sur les victimes et leurs proches.
Pour lutter contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, l’éducation est un levier fondamental, elle doit permettre d’être libre et respecté.e. Nous intégrons cette dimension dans tous nos programmes à travers le monde.
Les crises actuelles confirment que nous vivons tous.toutes dans un seul monde, que nos défis sont universels (santé, économie, climat…) et que les réponses ne peuvent qu’être laïques, solidaires et démocratiques.
Notre engagement laïque pour une éducation à visée émancipatrice oriente nos combats et notamment celui de former des femmes et des hommes libres, affranchi.e.s de tous les déterminismes religieux, culturels et sociaux.
Nos politiques et actions visant à garantir l’égalité de genre et à donner des chances égales d’insertion dans la société doivent être améliorées.
Promouvoir le droit à une éducation publique laïque, c’est aussi plaider pour la qualité de ce que l’on apprend. En élargissant le champ des apprentissages et des savoirs, la laïcité nourrit la qualité de l’éducation. Elle rend possible une éducation interculturelle qui doit permettre de se questionner sur notre culture ou nos propres représentations.
L’éducation à la citoyenneté mondiale est un formidable outil pour comprendre et décrypter les enjeux actuels, lutter contre les préjugés et tous les dogmatismes de la pensée, apprendre à « vivre » la solidarité et la paix. Elle donne des clés pour développer l’esprit critique mais aussi pour comprendre et agir en citoyen.ne informé.e, responsable, plus à même de jouer un rôle actif dans la société, dans son quartier, dans sa ville et de participer à l’intérêt général ainsi qu’au mieux vivre ensemble.
Nous portons et animons des processus éducatifs et des espaces collectifs qui permettent à de multiples personnes, acteurs.actrices ou partenaires, de faire de leurs différences des sources d’enrichissement du bien commun et de promouvoir la solidarité autour de l’intérêt général.
Cette solidarité se construit par la coopération, la co-construction, la réciprocité et n’a pas de délimitation géographique. Elle est locale comme internationale, car les enjeux globaux et les combats sont interconnectés. Ainsi, les expériences et les savoirs faire se partagent pour gagner en fraternité.
Nous défendons le droit à l’éducation de qualité en France et à l’international, par le biais d’une politique de développement solidaire ambitieuse, par les moyens de l’aide publique française au développement qui doit cibler les pays les plus vulnérables et ne laisser personne de côté. Pour cela, il est primordial de valoriser le concours de la société civile et de renforcer sa participation à tous les échelons de la construction des politiques publiques.
Nous soutenons évidemment les citoyen.ne.s ukrainien.ne.s, ceux.celles qui se battent, ceux.celles qui fuient, ceux.celles qui restent malgré tout, au péril de leur vie.
Nous soutenons aussi les citoyen.ne.s russes, en Ukraine, en Russie ou ailleurs, qui n'ont ni déclaré ni voulu cette guerre face à leurs voisin.e.s, ceux.celles qui sont victimes de la propagande, ceux.celles qui osent manifester contre cette guerre à leurs risques et périls, dans la vie réelle comme dans la vie virtuelle.
Nous soutenons enfin tous.tes ceux.celles qui n'ont pas les "bons papiers" et se retrouvent empêchés de "sauver leur peau". Souvent Africain.e.s, souvent refoulé.e.s aux frontières ou aux portes des centres d'accueil, ils.elles sont les grand.e.s abandonné.e.s de cette nouvelle forme de solidarité "humaniste" à deux poids deux mesures. Ces étudiant.e.s, travailleur.se.s, touristes... pourtant victimes des bombardements au même titre que les Ukrainien.ne.s sont les dernier.e.s à pouvoir fuir, les dernier.e.s à bénéficier de l'empathie et de la solidarité de l'Europe, les dernier.e.s à devoir rester contre leur gré dans un pays en guerre.
Plus largement, nous soutenons tous.tes ces "autres" qui ont aussi, alors même que leur pays était en flammes, cherché de l'aide et se sont heurté.e.s au mur de l'indifférence ou du rejet.
Syrien.ne.s, Afghan.ne.s, Éthiopien.ne.s, Yéménites, habitant.e.s des Kivus, Palestinien.ne.s, Ukrainien.ne.s... Cette considération à géométrie variable qui fait de certaines victimes des réfugié.e.s bienvenu.e.s et d'autres des clandestin.e.s coupables est insupportable.
Quand il s’agit de justifier pourquoi ils.elles disent non à certain.es et oui à d’autres, ces politiques, nos futur.e.s potentiel.le.s dirigeant.e.s, manipulent des arguments spécieux, avec ou sans gêne, tout en affirmant ne pas être racistes. Et pourtant, c’est bien à un passeport, pour ne pas dire à une couleur de peau qu’ils.elles se réfèrent pour trier entre celles.ceux qui méritent un soutien inconditionnel et les autres qui seraient indignes, voué.es au rejet. D’où vient ce cynisme qui les autorise à décider de qui doit être traité ou pas avec compassion ?
Quoi qu’ils.elles en pensent ou quoi qu’ils.elles décident bon de déclarer pour des raisons électoralistes, une vie est une vie, un être humain est un être humain. Être solidaires dans les moments durs est une responsabilité intrinsèque à notre humanité. Face à celles et ceux qui attisent la haine sous couvert de solidarité dans un cas mais pas dans l’autre, l’unité est une urgence.
La France prétend être le pays des Droits de l’Homme mais force est de constater que ce titre qu’elle s’octroie elle-même lui parait être un argument suffisant l’autorisant à commettre toutes les atteintes à ces droits. Cette attitude schizophrène, hypocrite, cynique, qualifions-la comme on peut, est inacceptable. La solidarité ne saurait être fonction de la couleur de peau ou de la nationalité, le respect du droit international et des droits fondamentaux non plus.
C’est l’histoire d’un.e Ukrainien.ne, d’un.e Malien.ne et d’un.e Rom, fuyant la guerre ou la misère. Qui est refoulé.e à nos frontières, renvoyé.e mourir ailleurs ou réduit.e à une survie indigne sous une tente insalubre ?
Vous connaissez la réponse, ce n’est pas une devinette, c’est du racisme.
Alain Canonne, Délégué Général de Solidarité Laïque.
Maïté Bernier, Responsable de la communication de Solidarité Laïque.
Entre 2021 et mars 2022, 23% des demandes de visas formulées par des citoyen.ne.s des pays du Maghreb auraient été refusées en guise de sanction parce que ces pays refusent de rapatrier leurs ressortissant.e.s en situation de sans-papier. Ainsi, au prétexte de lutter contre l’immigration irrégulière, le ministre de l’Intérieur et les autorités françaises ne s’embarrassent même plus du caractère discriminatoire de cette décision, qui n’est autre qu’une punition collective injuste visant indistinctement tous les Algérien.ne.s, les Marocain.ne.s ou les Tunisien.ne.s.
En conséquence, les Maghrébin.e.s qui souhaitent voyager pour tourisme, pour études, pour affaires ou pour raisons de santé ou familiale.., en sont purement et simplement exclue.e.s.
Ces mesures, qui s’attaquent en fait aux échanges humains entre les peuples, produisent à contrario des effets dramatiques en poussant des milliers de jeunes et moins jeunes (hommes, femmes et même enfants) à emprunter des traversées en mer Méditerranée au risque de leur vie.
Elles relèvent d’un chantage inadmissible, déshonorant, et qui plus est portant atteinte à un droit humain essentiel : la libre circulation des personnes, y compris de celles et ceux ayant leurs attaches, tant en France que dans les pays du Maghreb. Un chantage moralement inacceptable car s’appuyant sur une décision discriminatoire et bafouant un principe d’égalité citoyenne. Ainsi, des Français.e.s originaires des pays du Maghreb qui souhaitent faire venir leurs parents pour visite, pour affaires ou pour des raisons de santé se voient, eux aussi, privés d’un droit fondamental.
Prétendre lutter contre l’immigration irrégulière en restreignant aussi drastiquement le nombre de visas à des citoyen.ne.s est d’autant plus inadmissible que cette décision politique erronée ne résoudra rien sauf à caresser dans le sens du poil les thèses les plus extrémistes et xénophobes en France, et celles des partisans d’une « Europe forteresse ».
Elle est encore plus scandaleuse quand on sait – pour ne prendre que le cas de la Tunisie – que plus de 39 000 ingénieurs et 3 300 médecins auraient quitté le pays depuis 2015 et ont été accueillis à bras ouverts en Europe.
Ce flux massif de compétences (techniques, médicales et paramédicales) affecte gravement tous les secteurs d’activité, surtout le secteur de la santé publique et accentue les carences et les inégalités dans les régions les moins développées dans tous les pays du Maghreb.
Demander aujourd’hui un visa auprès des autorités françaises ou européennes (espace Schengen) de l’un des pays du Maghreb est un véritable parcours du combattant et, le plus souvent, une humiliation supplémentaire pour l’immense majorité de celles et ceux qui en font les démarches. Outre les délais d’attente de plusieurs semaines, voire de deux mois ou plus, pour obtenir un rendez-vous, tout est fait pour y faire obstacle et, au final, les refus sont la règle. Sans compter que les démarches sont extrêmement coûteuses et, évidemment, sans remboursement en cas de refus.
Voilà pourquoi nous, associations maghrébines des deux rives et associations citoyennes européennes et françaises ne pourront accepter un tel diktat et une injustice aussi flagrante. Nous demandons aux autorités françaises et aux pays européens de revenir sur ces mesures discriminatoires – nous, associations de migrants et de solidarité, qui avons depuis toujours combattu l’instauration du système des visas et qui assistons aujourd’hui à une régression supplémentaire qui instaure des mesures discriminatoires insupportables.
Solidarité Laïque est agréée par le Comité de la Charte du don en confiance depuis 2011 et s'appuie sur la certification d’un cabinet d’experts comptables.
Nous sommes un collectif de 48 organisations liées à l’école publique, à l’éducation populaire et à l’économie sociale et solidaire, reconnu d’utilité publique et bénéficiant du label « Don en confiance ».
Grâce à nos donateurs.trices, bailleurs et avec des centaines de partenaires en France et dans une vingtaine de pays, nous nous battons pour faire avancer la cause de l’éducation et pour que les États prennent les moyens de leurs engagements.
Interview de Éric Favey, Représentant la Ligue de l’enseignement au Conseil d’administration de Solidarité Laïque.
L’éducation mondiale et en premier les élèves sont très impactés par les défis environnementaux et l’urgence climatique. Comment l’éducation peut-elle s’adapter à cette urgence ?
On ne peut espérer de l’éducation qu’elle soit résiliente qu’à la condition de préciser ses finalités et les moyens qui lui sont affectés. L’éducation est le double mouvement que décrivait le philosophe Paul Ricoeur, celui de “l’adaptation et de la désadaptation dans la formation des individus”. Pour faire face à la situation d’urgence écologique et à ses conséquences, nous sommes bien au carrefour entre la réparation des dégâts, le constat que ce ne sont pas des évènements accidentels et qu’il faut changer rapidement de modes de vie et l’interrogation des fondements mêmes de nos sociétés aux origines d’une situation qui continue à se dégrader.
L’éducation n’est-elle pas aussi un outil puissant pour la prévention et le renforcement des capacités et compétences individuelles et collectives ?
Depuis 50 ans, l’alerte est lancée, sans grands échos à ses débuts, moquée parfois et combattue par les profiteurs d’un système prédateur, mais aujourd’hui renseignée par des dizaines de milliers de scientifiques du monde entier et reprise dans tous les rapports et sommets internationaux. Seuls le cynisme, la cupidité et les habitudes nourrissent encore le statut quo et le déni. Nous savons qu’il va falloir bifurquer, changer de voie, imaginer d’autres manières de vivre. Le défi est anthropologique et n’est en rien catastrophique. Mais il appelle des transformations d’une telle ampleur que l’éducation, les savoirs et les valeurs de dignité humaine doivent être mobilisées pour le relever dans une perspective démocratique et solidaire.
Penser la citoyenneté mondiale ne peut se faire sans penser préservation du vivant, place de l’Homme dans son environnement et donc “écocitoyenneté”. Dans cette perspective, quelles compétences l’éducation peut-elle permettre de développer ?
La relation au vivant est au cœur du défi écologique. Il ne s’agit pas seulement de défendre la nature après l’avoir exploitée. Nous sommes la nature qui se défend parce que “les frontières de l’humanité ne s’arrêtent pas aux portes de l’espèce humaine” comme l’évoque Philippe Descola. C’est un bouleversement pour les savoirs : les sociétés occidentales qui ont conquis et non pas découvert “le monde” ont installé cette séparation entre nature et culture qui a structuré nos systèmes éducatifs.
Renouer avec le vivant suppose de rompre avec la culture de l’exploitation des ressources sans limites autre que leur épuisement, d’en connaître les limites à l’échelle de la planète et pas seulement de chaque pays ou région du monde. Il nous faut envisager de manière sérieuse la citoyenneté comme multi-territoriale, du local à la planète, en conjuguant les moyens de l’exercer dans les espaces constitués (collectivités, nation, union européenne) et dans les espacessociaux, culturels et citoyens qui fabriquent du pouvoir d’agir, ceux de la vie quotidienne et de la société civile.
Parmi les grandes compétences constitutives de cette citoyenneté figurent celles qui permettent de faire lien avec soi, les autres et le vivant : confiance en soi, dans les autres, curiosité, histoire des connaissances et de la condition humaine, esprit critique, conscience des interdépendances, sensibilité, imaginaire, aptitudes à coopérer, à converser. Nous sommes sur un autre terrain que celui des batailles pour une demi-heure de plus de telle ou telle discipline scolaire, mais bien dans l’indispensable débat que l’humanité doit conduire pour s’outiller afin d’habiter le monde de manière responsable.
Comment dans un contexte incertain, de crises anxiogènes, de dérèglement climatique, construire des alternatives concrètes et positives ?
Par l’engagement ! Et c’est ce qui se passe déjà, trop invisible encore et marginal sans doute. Mais nous savons bien que “l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse”. Quand des enfants sont invités à habiter autrement leur école, leur village, leur quartier afin d’y vivre mieux en rejetant moins de CO2, ils en témoignent. Quand une junior association organise son “festi-street” de manière éco-responsable, elle agit. Quand une commune met à disposition une “ère terrestre” pour que le collège en fasse une “zone naturelle protégée”, ce sont tous les habitants qui sont sensibilisés.
Mais l’engagement ne suffit pas sauf à être celui qui pousse et accompagne l’action publique. Car l’urgence impose des politiques publiques d’une autre ampleur que celles d’aujourd’hui, nationales, européennes, internationales et territoriales pour faire face aux quatre dimensions de l’urgence écologique : dérèglements climatiques, atteintes à la biodiversité, empoisonnements chimiques et raréfaction des ressources. C’est la fonction des engagements collectifs. C’est celle de Solidarité Laïque et de ses membres, à l’heure où l’urgence écologique se combine avec l’éradication de la pauvreté et l’émancipation solidaire comme finalité de toute éducation démocratique.
Alida Ymele, artiste plasticienne Camerounaise de 26 ans, explore la précarité, la fragilité de l’être humain et l’univers socioprofessionnel de la vie quotidienne des travailleuses domestiques ainsi que leurs difficultés à s’intégrer dans la société actuelle. Elle s’exprime à travers des autoportraits, se mettant en scène dans des photographies et des images de femmes qu’elle sélectionne en ligne.
Ces cruelles atteintes à l'intégrité des personnes, à ce qui fait leur chair et leur nature, à ce qu'elles ne peuvent ni ne veulent changer, sauf pour échapper à la violence physique ou verbale que la majorité se permet d'exercer contre celles et ceux qui ne vivent pas comme elle, ne croient pas comme elles, ne désirent pas comme elle, atteignent jusqu'au tréfonds des êtres, casant des ravages que rien ne peut excuser.
Né au Cameroun en 1967, Barthélémy Toguo y a créé la fondation "Bandjoun Station" en 2013, pour marier l'art classique africain et l'art contemporain mondial, sans ghettoïsation ni hiérarchie de valeurs.
Artiste multi-facette, il s'exprime à travers la peinture, la sculpture, la gravure, la photographie, la vidéo, le théâtre... et les performances artistiques. L'humour ainsi qu'une certaine forme de provocation prennent place dans ses oeuvres, qui ont aussi une dimension politique. Il s'intéresse notamment aux flux de marchandises mais aussi d'êtres humains, ainsi qu'à ceux et celles qui les régulent.